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Mais ils savent - par la raison, par l'histoire, par l'expérience - qu'ils ne pourront édifier leur volonté de bien-être et de liberté pour tous que sur les ruines des institutions établies. Ils ont conscience que, seule, une révolution violente aura raison des résistances des maîtres et de leurs mercenaires. La violence devient ainsi, pour eux, une fatalité ; ils la subissent, mais ils ne la considèrent que comme une réaction rendue nécessaire par l'état permanent de légitime défense dans lequel se trouvent, à toute heure, situés les déshérités.

Ce que nous voulons

L'anarchisme n'est pas une de ces doctrines qui emmurent la pensée et excommunient brutalement quiconque ne s'y soumet pas en tout et pour tout. L'anarchisme est, par tempérament et par définition, réfractaire à tout embrigadement qui trace à l'esprit des limites et encercle la vie. Il n'y a, il ne peut y avoir ni credo, ni catéchisme libertaires.

Ce qui existe et ce qui constitue ce qu'on peut appeler la doctrine anarchiste, c'est un ensemble de principes généraux, de conceptions fondamentales et d'applications pratiques sur lesquels l'accord s'est établi entre individus qui pensent en ennemis de l'autorité et luttent, isolément ou collectivement, contre toutes les disciplines et contraintes politiques, économiques, intellectuelles et morales qui découlent de celle-ci.

Il peut donc y avoir et, en fait, il y a plusieurs variétés d'anarchistes ; mais toutes ont un trait commun qui les sépare de toutes les autres variétés humaines. Ce point commun, c'est la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et la haine de toutes les contraintes qui procèdent des institutions basées sur ce principe.

Ainsi, quiconque nie l'autorité et le combat est anarchiste. On connaît peu la conception libertaire ; on la connaît mal. Il faut préciser et développer quelque peu ce qui précède. J'y viens.

Dans les sociétés contemporaines, dites bien à tort civilisées, l'autorité revêt trois formes principales engendrant trois groupes de contraintes :

  1. la forme politique : l'Etat ;
  2. la forme économique : la propriété ;
  3. la forme morale : la religion

La première : l'Etat, dispose souverainement des personnes ; la deuxième : la propriété, règne despotiquement sur les objets ; la troisième : la religion, pèse sur les consciences et tyrannise les volontés.