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CHAPITRE V

Baptême du petit Jean. — L’oncle Jean se distingue, en tant que parrain, par sa magnificence.


Ne me parlez pas de ces parrains de pacotille, qui sont parrains à leur corps défendant, et, parce qu’ils n’ont pas osé refuser, qui achètent des gants et des dragées de baptême comme ils achèteraient un verre de lampe ou une demi-douzaine de faux-cols ; qui se disent le matin du grand jour : « Quelle corvée ! » et se consolent en songeant qu’à telle heure tout sera fini. Parlez-moi au contraire de l’oncle Jean, qui n’eut pas autre chose en tête deux mois au moins avant le grand jour.

C’est qu’aussi il songeait à la fois à régler l’ensemble et à soigner les détails. Sur un mot de Mme Aubry, qui trouvait son gilet de satin un peu triste et un peu étriqué, il se fit faire un ample gilet de piqué blanc, avec recommandation expresse de ne pas ménager l’étoffe, vu que ce n’était pas le moment de faire des économies. Le souvenir du jouvenceau timide, transformé en homme du monde par la seule