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avirons que l’on emploie sur le Mississipi, en guise de gouvernail, pour diriger les radeaux, et nous en fabriquâmes un troisième, parce que les rames se brisent souvent contre un tronc d’arbre ou une autre épave. Nous fixâmes un bâton fourchu pour y accrocher notre lanterne quand nous verrions un vapeur descendre le courant.

De temps à autre, nous abattions une poule d’eau.
De temps à autre, nous abattions une poule d’eau.

Nous continuâmes ainsi notre voyage, nous reposant le jour pour nous remettre en route dès l’aube. Le radeau faisait au moins quatre milles à l’heure et cela pendant sept ou huit heures, sans que nous fussions obligés de ramer. Il suffisait que l’un de nous tînt l’aviron qui servait de gouvernail. Le poisson ne semblait demander qu’à se laisser prendre. Nous mangions, nous causions, et, de temps en temps, nous nagions un peu pour chasser le sommeil.

Chaque nuit, nous passions devant des villes dont quelques-unes s’étageaient sur des collines où l’on voyait étinceler des lumières sans distinguer une seule maison. La cinquième nuit, je devinai que nous avions atteint Saint-Louis. J’avais entendu dire que Saint-Louis comptait au moins trente mille habitants ; mais cela m’avait semblé