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Je me redressai et regardai autour de moi.
Je me redressai et regardai autour de moi.

Il faisait presque nuit et je commençais à me sentir fatigué. Après avoir regagné le canot avec ma farine et ma scie, je le laissai filer le long de la côte, pas très loin. Je l’arrêtai sous des saules et je l’amarrai à une branche qui s’avançait au-dessus de l’eau. L’appétit aussi était venu. Je mangeai un morceau, puis je me couchai au fond de la barque pour fumer et arrêter un plan. Je me dis :

— Ils suivront la piste du sac de pierres jusqu’au bord de l’eau et ils dragueront le fleuve. Ils suivront ensuite la piste de la farine et iront jusqu’au petit canal qui conduit hors du lac pour tâcher de découvrir les voleurs. Comme ils ne trouveront rien, ils se lasseront bientôt et cesseront de chercher. On me croira mort et si mon père touche les six mille dollars, il n’en demandera pas davantage. Me voilà donc libre de camper où il me plaira. L’île Jackson me paraît un bon endroit pour le moment ; je la connais assez bien et personne n’y vient. Le gibier et le poisson n’y manquent pas ; et puis ce n’est pas trop loin de Saint--