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buveur qu’il se voyait obligé de condamner devenait l’objet de ses louables efforts. On se moquait un peu de son innocente manie, qui avait parfois produit de bons résultats, et c’eût été un véritable triomphe pour lui d’opérer la guérison du « vieux Finn ». Aussi, à peine mon père fut-il sorti de prison, que le digne philanthrope le fît venir, l’habilla des pieds à la tête et lui donna une place à sa table.

Je veux être pendu si...
Je veux être pendu si...

— Voyez-vous, lui dit-il, il n’y a que le premier pas qui coûte, et, pour éviter les rechutes, je vous engage à passer une semaine sous mon toit, où vous serez à l’abri des tentations. Lorsque vous vous sentirez assez fort, je vous trouverai un emploi régulier. Certaines personnes, dont je ne récuse pas la compétence, sont d’avis que l’on doit se déshabituer peu à peu de l’usage des liqueurs fortes ; mais l’expérience m’a démontré la nécessité de couper brusquement le mal dans sa racine.

Bref, le juge et sa femme parlèrent en termes si éloquents des avantages de la tempérance, que leur auditeur finit par s’attendrir. Il ne s’était jamais entendu traiter de frère, même par les cabaretiers dont