qui restait de beurre. Alors, tandis que les autres riaient, elle me sauta au cou.
— Quelle peur tu m’as faite, mauvais garnement ! dit-elle. J’aurais dû deviner ce qui t’amenait à l’office. Va te coucher et que je ne t’y reprenne plus !
En un clin d’œil, je remontai l’escalier ; je redescendis à l’aide du paratonnerre et je gagnai l’appentis. Lorsque je fis mon apparition dans le cachot, j’étais si essoufflé que je pouvais à peine parler.
— Voilà comment tu te dépêches, me dit Tom. As-tu les chandelles ?
— Il s’agit bien de chandelles ! Pas une minute à perdre. Je voudrais déjà être loin. La maison est pleine de gens armés de fusils !
— Vrai ! s’écria Tom, dont les yeux flamboyèrent.
— Il y en a au moins vingt.
— Peuh ! Si c’était à recommencer, j’en ameuterais deux cents.
— Pas une minute à perdre, Tom, répétai-je. Ils veulent s’embusquer dans le cachot et autour du cachot.
— Les lâches ! Ils n’ont pas le droit de venir avant minuit. Heureusement, le prisonnier est habillé ; j’ai eu soin de laisser le panier dans l’appentis ; la palissade n’est qu’à dix pas et, une fois de l’autre côté, nous aurons bientôt gagné le canot.
— Jim ne pourra pas courir avec sa chaîne.
— Oh ! il y a quatre jours, j’ai pris sur moi d’acheter une lime. Que veux-tu ? quand on est pressé… Là, éteignons les lumières et filons.
Nous filâmes par le tunnel. Tom, qui avait insisté pour passer le dernier, prit alors les devants et écouta à la porte de l’appentis.
— Rien ne bouge, dit-il à voix basse. C’est égal, prenons nos précautions, comme si nous courions les plus grands dangers. Nous allons ramper à la queue leu leu jusqu’à la palissade. Tu ouvriras la marche pour montrer le chemin au prisonnier et je formerai l’arrière-garde.
Tom et moi, nous escaladâmes la barrière sans avoir fait plus de bruit qu’une araignée ; mais le pantalon de Jim s’accrocha à la traverse