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— Je n’ai pas besoin de rats non plus, massa Tom. Ils me grignoteraient les pieds et m’empêcheraient de dormir. C’est bien assez des couleuvres.

— Allons donc ! Dans un cachot, les rats sont encore plus nécessaires que les serpents. Si Huck n’était pas à moitié endormi, il te l’aurait déjà dit. Tu ne peux pas t’en passer. Presque tous les prisonniers en ont — du moins ceux dont l’histoire vaut la peine d’être lue. Tu les nourriras, tu leur apprendras des tours et ils s’attacheront à toi. Il n’y a rien d’aussi facile à dresser que les serpents et les rats, excepté les chevaux. Par exemple, il faudrait… As-tu quelque chose pour leur faire de la musique ?

— Je n’ai que ma guimbarde ; ça ne les amuserait pas.

— Tu te trompes joliment. Tous les animaux aiment la musique — dans un cachot, ils en raffolent, quand elle n’est pas trop gaie. La guimbarde est justement ce qui leur convient. Tu n’auras qu’à leur jouer un air un peu triste, le soir avant de t’endormir ou le matin de bonne heure ; au bout de cinq minutes, les araignées, les couleuvres, les rats commenceront à s’inquiéter ; ils croiront que tu es malade et fourmilleront autour de toi pour avoir de tes nouvelles.

— Et si je ne joue pas de la guimbarde ?

— Dame, il y a gros à parier que tu ne les apprivoiseras pas, et ce sera dommage, car alors on ne parlera jamais de toi dans un livre… Bon ! j’allais oublier une chose importante. Crois-tu qu’une plante prendrait racine ici et donnerait des fleurs ?

— Pas probable, massa Tom.

— Tu pourras toujours essayer. D’autres prisonniers ont fait pousser une plante entre deux pavés, ce qui me semble bien plus difficile.

— Un bouillon-blanc viendrait peut-être ici, mais il ne vaudrait pas l’eau qu’il boirait.

— Tu ne sais pas ce que tu dis, Jim. Nous t’en apporterons un pied ; tu le planteras dans ce coin et tu le soigneras comme la prunelle de tes yeux. Nous ne l’appellerons pas bouillon-blanc mais Picciola