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— J’y renonce très volontiers.

Tom haussa les épaules.

— Ça ne m’étonne pas de ta part. Tu renoncerais sans doute aussi à lui fournir une corde à nœuds ? Heureusement, je suis là. Nous n’aurons pas de peine à lui en fabriquer une avec un de nos draps de lit.

— Jim peut se passer d’une échelle.

— Avoue, Huck, que tu ne sais rien de rien. Est-ce que tous les prisonniers n’ont pas une corde à nœuds ? En général, ils ont assez de loisir pour la fabriquer eux-mêmes, et quelquefois on la leur envoie dans un pâté ou dans…

— Mais puisque Jim n’aura pas l’occasion de s’en servir ?

— Tu m’impatientes avec tes puisque. Mettons qu’il ne s’en serve pas, il pourra la cacher dans son lit, comme font les autres prisonniers. Tu cherches sans cesse à inventer des nouveautés ; moi, je tiens à ce qu’un prisonnier se conduise en prisonnier.

— Ne te fâche pas, répliquai-je ; si le règlement veut qu’il ait une échelle, je ne m’y oppose pas. Je respecte les règlements. Mais, pour sûr, si nos draps de lit manquent à l’appel, nous aurons du grabuge avec la tante Sally. J’ai notre affaire. Je vais te montrer des arbres avec l’écorce desquels mon père m’a appris à tresser des amarres. Ça vaut du chanvre ; ça sera plus solide que nos vieux chiffons de toile ; ça prendra moins de place dans le lit et les matériaux ne nous coûteront rien. Quant à Jim, il n’y regardera pas de si près.

— Huck, si j’étais aussi ignorant que toi, je garderais ma langue dans ma poche. Où as-tu jamais vu un prisonnier d’État s’évader avec une corde de cette espèce ? Est-ce qu’un prisonnier trouve des arbres dans son cachot ?

— Eh bien, Tom, arrange la chose comme tu l’entendras. Tout de même, si tu m’écoutais, tu me laisserais emprunter un des draps de lit qui sont en train de sécher là-bas derrière la buanderie.

— À la bonne heure, c’est une idée ; et il m’en vient une autre : tu prendras en même temps une des chemises de mon oncle.