Derrière la hutte et tout contre la palissade, se dressait un appentis en planches qui n’avait pas plus de six pieds de large. Nous n’eûmes qu’à pousser la porte pour entrer. Tom tira des allumettes de sa poche et nous vîmes quelques pioches rouillées, quelques pelles et une vieille charrue hors d’usage. Cette espèce de hangar ne communiquait pas avec la hutte que Tom appelait un cachot.
— Nous voilà bien avancés, lui dis-je. Le mur est tout aussi solide de ce côté.
— Je me moque pas mal du mur, répliqua-t-il. Nous creuserons un tunnel de façon à arriver juste sous le lit de Jim. C’est une affaire de huit jours tout au plus.
— Sais-tu seulement où est le lit de Jim ?
— Si je ne le sais pas, je le saurai bientôt. Ce qui m’embarrasse, c’est que ce sont les prisonniers eux-mêmes qui doivent percer les murs ou creuser le tunnel.
Notre inspection terminée, nous retournâmes à la maison, où j’entrai par la porte de derrière, dont je n’eus qu’à soulever le loquet. Cette façon de gagner son lit n’était pas assez romanesque pour Tom, qui préféra remonter dans notre chambre à l’aide du paratonnerre. Il aurait mieux fait de suivre mon exemple, car il ne me rejoignit qu’après être tombé deux fois. Avant de s’endormir, il me raconta l’histoire de plusieurs prisonniers qui avaient réussi à s’échapper en creusant une galerie sous une des dalles de leur cachot.
— Par bonheur, nous serons moins embarrassés qu’eux, lui dis-je. Nous n’aurons pas à faire disparaître la terre à mesure que nous l’enlèverons ; j’ai déjà choisi ma pioche.
— Ah çà ! te figures-tu que nous allons employer les outils que nous venons de voir ? Ce serait par trop commode de se servir de ce qu’on a sous la main. Sois tranquille, je trouverai mieux.
Il ne trouva pas tout de suite ; car, au moment où le sommeil s’empara de moi, il m’expliquait comment on s’y prend pour prévenir un captif que des amis veillent sur lui.