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— Et ne t’a-t-il pas dit qu’il t’aiderait à délivrer Jim ?

— Oui.

— Eh bien alors ?

Ce fut tout. Je jugeai inutile d’insister. Quand Tom avait déclaré qu’il ferait une chose, il n’écoutait pas ceux qui voulaient l’en empêcher. À notre retour, aucune lumière ne brillait aux fenêtres et tout le monde dormait, sauf les chiens, qui nous connaissaient déjà assez pour ne pas donner l’alarme. Nous pûmes donc avancer jusqu’à la petite hutte isolée et l’examiner de près à la lueur des étoiles.

— J’aurais préféré des pierres ou des briques, dit Tom. On ne parle de murs en bois dans aucun des livres que j’ai lus. C’est égal, ces bûches sont solides et je ne serais pas étonné si cette porte était doublée en fer.

— Peu nous importe, puisque la clef nous permettra de l’ouvrir.

— Laisse-moi donc tranquille avec ta clef ! Tu veux tout simplifier.

— Eh bien, même sans la clef, ce sera plus facile que tu ne crois. Regarde les planches que l’on a clouées là-haut, sans doute pour boucher une lucarne ; il suffirait de grimper sur une échelle pour les enlever.

— C’est possible, répondit Tom, et on a eu joliment raison de boucher la lucarne ; car un cachot ne doit jamais être éclairé. En tout cas, quand même elle serait assez grande pour livrer passage à dix captifs, je me garderais d’arracher les planches. J’espère bien trouver un moyen plus compliqué.

— Nous pourrions scier quelques-unes de ces bûches et les remettre ensuite en place, comme je l’ai fait la dernière fois que mon père m’a enfermé.

— Oui, ce serait plus mystérieux ; mais on ne scie que des barreaux de fer dans les histoires que je connais.

— Et puis, nous n’avons pas de scie.

— Bah ! on en fabrique avec un ressort de montre. Ton idée me plaît assez, quoique tu ne l’aies pas empruntée à un livre.