mède, et, vous ne devez pas l’ignorer, un intermède ne dure jamais longtemps.
Alors il y eut un beau vacarme.
— C’est une attrape ! On nous a mis dedans !
Tout le monde s’était levé ; on allait escalader la scène et empoigner ces tragédiens lorsqu’un grand monsieur, très bien habillé, sauta sur un banc et cria :
— Un moment, messieurs. Je n’ai qu’un mot à dire. On s’arrêta pour l’écouter et il reprit :
— Nous sommes atrocement floués, j’en conviens ; mais vous ne tenez pas à devenir la risée de nos concitoyens, je pense ? Si la chose s’ébruite trop tôt, nous n’en entendrons jamais la fin, tant que nous vivrons. Donc, ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de sortir d’ici tranquillement et de porter le spectacle aux nues. De cette façon le reste de la ville se laissera mettre dedans et n’aura pas le droit de se moquer de nous.
— Oui, oui, cria-t-on. Le juge a raison.
— Eh bien, c’est convenu. Pas de tapage — pas un mot qui puisse donner l’éveil. Rentrez chez vous et conseillez à ceux qui n’ont pas donné dans le panneau de venir voir cet intermède.
Le jour suivant toute la ville parlait de ce curieux spectacle, si bien que le soir la salle fut encore comble. Le public vit que le juge et les autres s’étaient moqués de lui ; mais il ne se fâcha pas trop. Cela ne parut pas étonner le duc.
Nous avions apporté un tas de provisions à bord, et quand nous eûmes soupé, le duc dit à Jim de démarrer. On s’arrêta à 2 milles environ au-dessous de la ville et on établit le radeau dans un endroit où il aurait fallu de bons yeux pour le découvrir.
La troisième représentation attira encore plus de monde que les deux premières. Cette fois, ce n’étaient pas des nouveaux venus. Je remarquai que chaque spectateur arrivait les poches gonflées ou chargé d’un paquet bien enveloppé qu’il cherchait à cacher. Je devinai vite que