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nous servira peut-être. En attendant, arrangeons un plan de campagne. J’ai plus d’une corde à mon arc.

Là-dessus il fouilla dans son sac de voyage, où il prit plusieurs liasses de prospectus imprimés qu’il lut à haute voix. Un de ces imprimés disait : « Le célèbre phrénologue, le docteur Armand de Montalban, de Paris, donnera demain une conférence sur l’art de reconnaître le caractère des gens à la conformation de leur crâne. Il fournira à ceux qui lui en feront la demande un diplôme signé où seront énumérés leurs défauts et leurs qualités. Prix d’entrée, 10 cents. Prix du diplôme, 25 cents. »

Un second prospectus annonçait l’arrivée de l’incomparable tragédien Garrick jeune, des théâtres royaux de Londres et de Paris. Dans d’autres il changeait de nom et promettait des choses merveilleuses. Il se vantait, par exemple, de posséder la fameuse baguette magique à l’aide de laquelle on découvre les sources d’eau ou les trésors cachés.

— Tout cela m’a souvent réussi, dit-il en serrant ses papiers. Il ne s’agit que de sonder le terrain. J’avoue cependant que j’ai un faible pour le théâtre. Êtes-vous jamais monté sur les planches, Royauté ?

— Non, jamais.

— Eh bien, d’ici à peu, vous chausserez le cothurne, grandeur déchue. À la première occasion, nous louerons une salle où nous représenterons le combat de Richard III et la scène du balcon dans Roméo et Juliette. Que pensez-vous de mon idée ?

— Pour tout ce qui promet de rapporter quelques dollars, je suis votre homme, Bridgewater. Croyez-vous pouvoir m’apprendre à jouer la comédie ?

— Avez-vous une bonne mémoire ?

— Oui.

— Bon, je me charge du reste. Commençons tout de suite, cela nous aidera à tuer le temps.

Alors il raconta l’histoire de Roméo et Juliette. Il termina en disant