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en devint plus ardent à poursuivre son projet, et se rendit suspect aux Lacédémoniens. Rappelé à Sparte au milieu de ses menées, on le mit en jugement. Il fut absous, condamné cependant à une amende[1] ; aussi ne lui rendit-on pas le commandement de la flotte.

III. Il retourna de lui-même peu de temps après à l’armée ; et s’y conduisant non en homme adroit, mais en insensé, il y fit connaître ses desseins. Il quitta non seulement les moeurs, mais encore les manières et l’habillement de son pays. II avait un faste royal, portait l’habit médique, se faisait suivre d’une garde de Mèdes et d’Égyptiens. Sa table, servie dans le goût des Perses, était d’un luxe insupportable à ses convives mêmes. Il était inaccessible à ceux oui voulaient l’approcher ; il répondait avec hauteur ; il commandait avec dureté. Ne voulant plus retourner à Sparte, il s’était transporté à Colone, ville de la Troade. Là il tramait des complots également funestes à sa patrie et à lui-même. Quand les Lacédémoniens en furent informés, lis lui envoyèrent des députés avec la scytale<ref>Quand les éphores voulaient donner des ordres à leurs généraux de terre ou de mer, ils roulaient une bande de cuir ou de parchemin autour d'un bâton dans toute sa longueur, de manière qu'il n'y restait aucun vide. Ils écrivaient sur cette bande, et la déroulaient ensuite. Le général à qui elle était adressée, ayant été muni, avant son départ, d'un bâton en tous points semblable à celui sur lequel cette bande avait été roulée et écrite, l'appliquait sur le sien, et la lisait ainsi sans difficulté. C'

  1. L'amende était une peine infamante, entraînait la destitution des emplois publics.