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reçu quelque injure, il aimait mieux l’oublier que de la venger. Il gardait une immortelle mémoire des bienfaits reçus ; pour ceux qu’il avait rendus lui-même, il s’en ressouvenait aussi longtemps que celui qui les avait reçus en était reconnaissant. Toute sa conduite prouva la vérité de cette maxime, que « c’est par ses moeurs que chacun se fait sa fortune ». Il ne forma point, cependant, sa fortune, avant de se former soi-même, de manière à ne jamais subir un malheur mérité.

XII. Atticus mérita donc, par ses vertus, que Marcus Vipsanius Agrippa, lié d’une amitié intime avec le jeune César, et pouvant, à cause de son mérite et de la puissance d’Octave, prétendre à quelque parti que ce fût, choisît préférablement son alliance, et aimât mieux épouser la fille d’un simple chevalier romain qu’une descendante d’une famille noble. Le médiateur de ce mariage (car il ne faut pas le cacher) fut Marc-Antoine, nommé triumvir pour constituer la république. Tandis qu’Atticus, par son crédit auprès de lui, pouvait augmenter ses biens, il fut si éloigné de tout sentiment de cupidité,