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vie dissolue et en négligeant ses intérêts domestiques ; son père le déshérita. Loin de l’abattre, cet affront le releva. Jugeant qu’il ne pouvait effacer cette tache qu’à force d’activité, il se consacra tout entier à la république, s’appliquant avec zèle à acquérir des amis et de la renommée. Souvent il plaidait les causes des particuliers, souvent il prenait la parole dans l’assemblée du peuple ; aucune affaire importante ne se traitait sans qu’il s’en mêlât ; il était prompt à trouver les solutions, et il les exposait avec une grande facilité de parole. Non moins rapide à exécuter qu’à imaginer, « il jugeait du présent, comme dit Thucydide, avec un tact extrêmement sûr, et devinait l’avenir avec une remarquable sagacité », aussi devint-il bientôt illustre.

II. Le premier poste que lui confia sa patrie fut dans la guerre de Corcyre[1] : élu stratège par le peuple pour conduire cette guerre, il rendit la république plus confiante en ses forces, non seulement pour le présent, mais encore pour l’avenir. Les revenus publics, qu’on tirait des mines, se dissipaient tous les ans par les largesses des magistrats ;

  1. Les historiens grecs ne parlent pas de cette guerre. Plutarque, dans sa Vie de Thémistocle, dit que les habitants de Corcyre, ayant eu des différends avec ceux de Corinthe, Thémistocle fut choisi pour arbitre et donna droit aux Corcyréens. C'est à ce fait sans doute que Cornélius Népos veut faire allusion.