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puisqu’il évitait même les soupçons de la médisance. D’où il arrivait que l’on était plus flatté de ses égards, puisqu’il les accordait au devoir, et non à la crainte ni à l’espérance.

VII. La guerre civile de César éclata lorsque Atticus avait environ soixante ans. Il usa du privilège de son âge[1], et ne sortit pas de Rome. Il donna, de son bien, à ses amis partant pour se rendre auprès de Pompée, tout ce dont ils avaient besoin. Pompée[2] lui-même ne s’offensa pas de ce qu’il n’était pas venu le rejoindre ; car il ne tenait de lui aucun bienfait éclatant, comme les autres, qui avaient acquis par son moyen ou des honneurs ou des richesses, et qui en partie suivirent son camp bien malgré eux, en partie restèrent chez eux, à son très grand mécontentement. Quant à l’inaction d’Atticus, elle fut tellement agréable à César, que, tandis qu’après sa victoire il imposait par ses lettres des contributions pécuniaires aux particuliers qui ne l’avaient point suivi, non seulement il n’inquiéta point Atticus, mais même il lui accorda la liberté du fils de sa soeur

  1. A 50 ans, le citoyen romain était dispensé du service militaire; à 60 ans, le sénateur pouvait ne plus exercer ses fonctions.
  2. La famille Cécilia, dont Atticus descendait par sa mère, était unie à la famille Cornélia qui avait donné une épouse à Pompée. Atticus put néanmoins rester à Rome sans offenser Pompée.