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donné pour successeur, Hannibal commanda toute la cavalerie. Le nouveau général ayant aussi été tué, l’armée lui déféra le suprême commandement. Ce choix, connu à Carthage, y fut approuvé par l’autorité publique. Hannibal ainsi fait général, ayant moins de vingt-cinq ans, soumit par les armes, dans le cours des années suivantes, toutes les nations de l’Espagne ; il prit de force Sagonte[1], ville alliée des Romains ; il forma trois armées très puissantes. II en envoya une en Afrique, il en laissa une en Espagne avec son frère Hasdrubal ; il mena la troisième avec lui en Italie. Il passa les défilés des Pyrénées. Partout où il fit route, il se battit avec les habitants du pays ; il ne laissa aucun peuple qu’il ne l’eût vaincu. Après qu’il fut arrivé aux Alpes, qui séparent l’Italie de la Gaule, que jamais personne n’avait traversées avant lui avec une armée, si ce n’est l’Hercule grec (d’où vient qu’aujourd’hui elles sont appelées les Alpes grecques[2]), il tailla en pièces les habitants de ces montagnes, qui entreprenaient d’arrêter sa marche. Il s’ouvrit des passages, se fraya des chemins, et fit en

  1. La ville de Sagonte, alliée de Rome, formait en Espagne la limite des possessions des Carthaginois et des Romains. La prise de cette ville par Hannibal déclencha la seconde guerre Punique.
  2. Silius Italicus dit : «Primus inexpertas adiit Tirynthius arces», (III, 496); Tite Live réfute cette légende (III, 5). Graiæ Alpes a été donné à une partie de cette chaîne, peut-être le Saint-Bernard.