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même on ne compara l’avis de personne au sien ; et ce n’était pas plus l’effet de l’affection que de la prudence.

IV. Étant déjà fort âgé, Timoléon perdit la vue, sans avoir essuyé aucune maladie. II supporta ce malheur avec tant de résignation, que personne ne l’entendit jamais se plaindre, et qu’il n’assista pas moins aux affaires particulières et publiques. Il venait au théâtre, quand le conseil du peuple s’y tenait, porté, à cause de son infirmité, dans un char attelé de deux chevaux ; et de ce char, il disait ce qu’il pensait sur l’objet en délibération. Personne n’attribuait cette manière d’agir à l’orgueil ; car il ne sortit jamais de sa bouche rien d’arrogant ni de vain. Lorsqu’il entendait publier ses louanges, il ne disait jamais autre chose, sinon «qu’il rendait de très grandes actions de grâces aux dieux, et qu’il leur était très obligé de ce qu’ayant résolu de régénérer la Sicile, ils avaient voulu qu’il fût de préférence le chef de cette entreprise. » Car il pensait qu’aucune des choses humaines ne se fait sans la puissance et la volonté des