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aima mieux obéir aux lois de sa patrie que de lui commander. Dans cette disposition, il s’entendit avec un haruspice et un homme, leur commun allié, qui avait épousé leur soeur : c’était par eux qu’il voulait faire périr le tyran[1]. Pour lui, non seulement il ne porta point les mains sur son frère, mais il ne voulut pas même voir son sang : car, pendant que le meurtre s’accomplissait, il se tint éloigné avec une troupe en armes, afin qu’aucun satellite du tyran ne pût courir à son secours. Cette belle action ne fut pas également approuvée de tout le monde. Quelques-uns pensaient qu’il avait attenté à la piété fraternelle, et par envie, ils dépréciaient la gloire de sa vertu. Quant à sa mère, après cette action, elle ne le reçut plus dans sa maison, et jamais elle ne le vit sans le maudire et sans l’appeler fratricide et impie. Il fut si fort touché de ces traitements, qu’il voulut quelquefois mettre fin à sa vie, et se dérober par la mort aux regards d’hommes ingrats.

  1. Plutarque et Diodore de Sicile disent que ce fut Timoléon lui-même qui frappa son frère.