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âge, il se fit un grand concours de peuple. Les uns, se rappelant son ancienne réputation, avaient pitié de sa vieillesse ; mais le plus grand nombre était enflammé de colère, parce qu’on le soupçonnait d’avoir livré le Pirée, et surtout parce que, dans sa vieillesse, il s’était déclaré contre les intérêts du peuple. C’est pourquoi on ne lui donna pas même la faculté de parler et de plaider sa cause. Ayant été ensuite condamné par les juges, après quelques formalités légales, il fut livré aux Onze, auxquels, selon l’usage des Athéniens, ceux qui sont condamnés pour trahison ont coutume d’être remis. Pendant qu’il était conduit à la mort, Emphylète[1], avec, qui il avait été lié d’amitié, se présenta devant lui. Ce citoyen lui ayant dit, les larmes aux yeux : « Ah ! Phocion, quel indigne traitement ! » il lui répondit : « Je n’en suis point surpris ; car c’est la fin qu’ont eue la plupart des grands hommes d’Athènes. » La haine de la multitude contre lui fut si forte, qu’aucune personne libre

  1. Ce nom n'est cité par aucun historien. Il est possible que Cornélius Népos se soit mépris dans la lecture d'un manuscrit.