III. Cependant s’allumaient ces guerres d’extermination qui suivirent la mort d’Alexandre, et tous se réunirent pour accabler Perdiccas. Quoique Eumène vît sa faiblesse, obligé qu’il était de résister seul à tous les autres, il n’abandonna pas son ami, et se montra plus attaché à sa parole qu’à son propre salut. Perdiccas lui avait donné le commandement de cette partie de l’Asie[1] qui est située entre le mont Taurus et l’Hellespont, et l’avait opposé seul à ses ennemis d’Europe[2] : lui-même était parti pour attaquer l’Égypte, que possédait Ptolémée. Eumène avait des troupes peu considérables et peu solides, parce qu’elles n’étaient pas exercées et qu’elles avaient été enrôlées depuis peu ; cependant on annonçait l’approche de Cratère et d’Antipater, qui passaient l’Hellespont avec une armée nombreuse de Macédoniens : c’étaient deux capitaines éminents, tant par leur illustration que par leur expérience de la guerre ; et les soldats macédoniens jouissaient alors de la réputation qu’ont aujourd’hui les troupes romaines ; car les peuples les plus puissants sont toujours