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Iphicrate en Thrace, Timothée à Lesbos, Charès[1] à Sigée. À la vérité, ce dernier différait des trois autres par les actions et par les moeurs, il fut pourtant honoré et puissant dans Athènes.

IV. Chabrias périt dans la guerre sociale ; voici comment. Les Athéniens assiégeaient Chio. Chabrias était sur la flotte en simple particulier ; mais il y précédait en autorité tous ceux qui avaient des grades, et les soldats le considéraient plus que ceux qui commandaient. Cette distinction hâta sa mort. Comme il désirait entrer le premier dans le port, et qu’il ordonnait au pilote d’y diriger son vaisseau, il fut lui-même cause de sa perte. Après qu’il eut pénétré, les autres vaisseaux ne le suivirent point. Enveloppé de la multitude des ennemis, il combattait avec la plus grande valeur, quand son vaisseau, frappé d’un coup d’éperon, coula bas, tandis qu’il pouvait s’en retirer en se lançant dans la mer, parce que la flotte des Athéniens était proche et qu’elle l’aurait recueilli, il aima mieux périr que de jeter ses armes et d’abandonner le vaisseau qui l’avait

  1. Charès, général athénien, défit deux fois les Argiens sur mer, fut envoyé pour combattre Alexandre, tyran de Phères, procura la victoire à Pharnabaze révolté contre le roi de Perse, enfin reçut l'ordre de porter secours à Byzance assiégée par Philippe, roi de Macédoine. Ayant mal rempli cette mission, il fut rappelé par le peuple. Charès était imprudent, fier et sans grande habileté. Il avait un caractère peu honorable. Son nom avait servi dans un proverbe à propos de promesses dont on savait qu'elles ne seraient pas tenues.