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d’un extérieur fait pour le commandement ; en sorte que son seul aspect inspirait l’admiration pour sa personne. Mais il était trop mou dans le travail et peu patient, comme l’a écrit Théopompe[1] ; bon citoyen d’ailleurs et plein de loyauté. C’est ce qu’il montra dans plusieurs circonstances, entre autres en protégeant les enfants du Macédonien Amyntas[2] : car Eurydice, mère de Perdiccas et de Philippe, se réfugia chez Iphicrate avec ses deux enfants encore en bas âge, après la mort d’Amyntas, et trouva en lui un protecteur[3]. II vécut jusqu’à un âge avancé, en conservant l’affection de ses concitoyens. Il n’eut qu’une seule fois à repousser une accusation capitale, dans la guerre sociale[4], conjointement avec Timothée, et fut absous dans ce procès. Il laissa d’une Thrace, fille du roi Cotys, un fils nommé Ménesthée[5]. Comme on demandait à celui-ci qui de son père ou de sa mère il estimait davantage, il répondit que c’était sa mère. Tout le monde s’étonnant de cette réponse : « C’est avec justice, reprit-il, que je parle ainsi : car mon père, autant qu’il a été en lui, m’a fait naître Thrace ; ma mère, au contraire, Athénien. »

  1. Orateur et historien, Théopompe naquit à Chio; il fut le disciple de Socrate.
  2. Amyntas était le grand-père d'Alexandre le Grand.
  3. Elle avait été chassée du trône par l'usurpateur Pausanias.
  4. Il s'agit d'une guerre que les Athéniens soutinrent pendant trois ans contre les habitants de Byzance, de Chio, de Rhodes et de Cos, qui avaient violé le traité d'alliance conclu par eux avec Athènes. Iphicrate fut accusé de trahison pour n'avoir pas suivi l'avis de son collègue, Charès, qui voulait attaquer les révoltés. On raconte qu'il tira son épée devant les juges et que son acquittement fut dû en grande partie à l'effroi qu'il leur inspira.
  5. Il est question de ce Ménesthée au chapitre III de la vie de Timothée.