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qui aiment mieux être craints qu’aimés : car, si les gardes mêmes de Dion eussent été dans des dispositions favorables, ils auraient pu le sauver en brisant la porte, puisque ses assassins étaient sans armes et en demandaient à ceux du dehors. Comme personne ne venait à son secours, un certain Lycon, Syracusain, leur passa par la fenêtre une épée, avec laquelle il fut tué.

X. Le meurtre une fois accompli, la multitude étant entrée pour voir ce qui s’était passé, quelques personnes furent massacrées par méprise ; car le bruit s’était bientôt répandu qu’on avait attenté à la vie de Dion, et un grand nombre de citoyens, qu’un tel crime indignait, étaient accourus. Égarés par de faux soupçons, ils égorgèrent des innocents comme coupables. Dès que la mort de Dion fut divulguée, l’esprit du peuple changea d’une manière étonnante ; car ceux qui, de son vivant, le nommaient sans cesse tyran, l’appelaient alors publiquement le libérateur de la patrie et le destructeur de la tyrannie. La compassion avait si subitement succédé à la haine, qu’ils