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Dion n’eût pas le pouvoir de conférer avec lui. Le malade prit le breuvage, s’assoupit profondément, et mourut.

III. Tel fut le commencement de la haine cachée que Dion et Denys avaient l’un pour l’autre, et qui s’accrut pour plusieurs raisons. Mais d’abord une amitié simulée subsista quelque temps entre eux. Dion ne cessait point de supplier Denys de faire venir Platon d’Athènes et d’user de ses conseils ; Denys, qui voulait imiter son père en quelque chose, fit ce qu’il souhaitait ; et, en même temps, il rappela à Syracuse l’historien Philiste[1], plus ami encore de la tyrannie que du tyran. Mais j’ai parlé de Philiste assez au long dans l’ouvrage que j’ai écrit sur les historiens grecs[2]. Platon eut tant de pouvoir sur Denys par son autorité, et tant de force par son éloquence, qu’il le persuada de mettre fin à la tyrannie et de rendre la liberté aux Syracusains. Mais, détourné de ce dessein par le conseil de Philiste, il n’en devint que plus cruel.

  1. Philiste, célèbre historien, passa sa jeunesse à Athènes, dans l'école d'Isocrate. Il fut comblé des faveurs de Denys l'Ancien dont il se faisait l'adulateur. Cependant, ayant épousé en secret une fille de Leptine, beau-frère de Denys, il fut exilé à Thurium, en Lucanie. Rappelé par Denys le Jeune, il travailla à lui rendre Dion odieux. Voyant ce dernier vainqueur, il se donna la mort. Ce fut pendant son exil à Thurium qu'il composa son histoire de Sicile en douze livres.
  2. Cet ouvrage ne nous est pas parvenu.