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put refuser au jeune Dion, qui brûlait d’envie de l’entendre, de le mander en Sicile. Il lui accorda donc sa demande, et fit conduire en grande pompe le philosophe à Syracuse. Dion admira et chérit tellement Platon, qu’il se livrait tout entier à lui. Platon ne fut pas moins charmé par Dion ; car, après avoir été cruellement outragé par le tyran, qui avait ordonné de le vendre[1], il se rendit à ses prières, et revint à la même cour. Sur ces entrefaites, Denys tomba malade. Comme son état inspirait de graves inquiétudes, Dion demanda aux médecins comment il était. Il les pria en même temps que, s’il se trouvait par hasard dans un danger sérieux, ils le lui déclarent, disant « qu’il voulait l’entretenir sur le partage du royaume, parce qu’il pensait que les enfants nés de sa soeur et de Denys devaient en avoir une partie. » Les médecins ne turent point ce propos ; ils le rapportèrent à Denys le fils, qui s’en émut vivement, et força les médecins de donner à son père un somnifère, afin que

  1. Denys avait pris Platon en haine, parce que le philosophe avait soutenu à la cour de Sicile, que le juste, même pauvre et opprimé, est plus heureux que le tyran au sein des richesses et de la puissance. Comme Platon passait par Égine, en retournant à Athènes, il fut mis en vente comme esclave par ordre secret de Denys.