Page:Les Auteurs latins expliqués d’après une méthode nouvelle. Népos - Vie des grands capitaines, 1869.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

expulsé de sa patrie, il s’était si bien conformé aux goûts de ses habitants, qu’aucun d’entre eux ne pouvait l’égaler pour l’ardeur au travail et la force du corps (car tous les Béotiens [1] s’appliquent plus à fortifier leurs membres qu’à aiguiser leur esprit) ; qu’à Lacédémone, dont les murs plaçaient la suprême vertu dans la patience, il s’était livré à une vie si dure qu’il vainquit tous les Spartiates en parcimonie de table, d’habillement et de train ; que se trouvant chez les Thraces, gens ivrognes et adonnés à la débauche, il les avait surpassés aussi dans ces excès ; qu’arrivé chez les Perses, parmi lesquels la plus grande gloire est de chasser avec intrépidité et de vivre avec luxe et avec mollesse, il copia si bien ces mœurs, qu’il parvint à se faire admirer ; que, par cette conduite, il sut toujours conquérir le premier rang dans l’estime et l’affection des peuples. Mais en voilà assez sur Alcibiade. Parlons des autres capitaines.

  1. Les Béotiens étaient méprisés des autres Grecs qui leur trouvaient peu de vivacité dans l'esprit. Cette réputation passa chez les Latins.