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me dire que n’ayant pas été aussi attentif que de coutume à remplir mes fonctions, il me condamnait à souper avec deux jolies femmes et lui. J’eus l’air d’être disposé à en appeler, mais au fond j’étais peut-être le seul de ce jour qui fut content de ses juges.

Je me soumis à la fin à la sentence, nous reconduisîmes ces dames chez elles. Émile alla faire les provisions et nous soupâmes très-gaiement, mais il était minuit quand nous nous mîmes à table et nous n’eûmes fini qu’à deux heures du matin, tant les bons mots, les baisers, les yeux, les attouchemens, avaient prolongé notre repas : je ne pouvais ni ne voulais m’en aller à cette heure ; on eut bientôt séparé du lit (très-bon pour des grisettes), deux matelas qu’on mit sur quatre chaises renversées, et nous voilà Debraux avec Constance et Mayeux avec Sophie. Au bout de cinq minutes nous entendons Sophie et moi des soupirs étouffés, des craquemens de lit qui nous apprennent que ce n’est pas pour prier Dieu que monsieur Debraux se met à genoux. Nous ne voulûmes pas rester en arrière, et quelqu’un qui aurait écoûté à la porte aurait été édifié de l’accord qui régnait dans notre concert à quatre, tant dans les silences que dans les mouvemens et les soupirs. Nous qui avions commencé les derniers, nous finîmes bien avant les autres qui ne

  
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