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sur la main qui causait tant de soupirs à Eugénie, la retint si fortement au même endroit, qu’il me fut impossible de retirer mon doigt ; il s’en suivit une explication dont le résultat fut une rupture entre elles ; et par suite entre Eugénie et moi, qu’elle accusa de ne pas assez l’avoir défendue contre la colère d’Annette.

Je fis ensuite la cour pendant six mois à une nommée Louise Lesueur, qui demeurait chez une vieille dame de ma connaissance. Je n’avançais guère, lorsqu’un dimanche, la vieille étant sortie, je lui demandai si elle n’allait pas aussi promener, je ne le puis, me répondit-elle, je n’ai pas le sou. Je vous en offre autant, lui dis-je. — Eh bien, qu’allons nous faire ? — Jouer. — Et quoi, puisque nous n’avons pas d’argent ? — Jouons une façon. Elle accepta. Je ne sais si elle fit exprès de perdre, mais je sais que je ne pouvais qu’y gagner, puisque battu, je devais payer, et que gagnant on devait me laisser faire. Je gagnai donc, mais on ne me paya pas ce jour-là, on attendit la fête de la vieille qui arrivait la même semaine. Je fus lui souhaiter, on m’attarda, et sous prétexte que je pourrais être insulté si je m’en allais, on me fit coucher entre elles deux. Nom de dieu ! qu’on juge du supplice d’être auprès d’une jolie femme toute une nuit, et de ne pouvoir faire autre chose que lui magner les fesses, car elle