Il est des hommes que le plus petit événement
met en lumière : certes, je ne suis pas
de ce nombre, et sans la grande semaine, sans
les trois glorieuses journées de juillet 1830,
je serais encore inconnu, non seulement à
l’Europe, mais même à mon pays. Mais,
puisque pour avoir montré dans ces journées
que c’est du sang français qui coule dans mes
veines, il a plu à messieurs les artistes de
faire de moi un personnage, comme si un
bossu courageux était chose surnaturelle ; puisque
par suite et en désespoir de pouvoir fournir
à l’avidité du public de nouvelles charges
sur mon compte, on en est venu à attaquer
ma vie privée, qui devait être murée aussi bien
que celle de tel ou tel député, pair de France,
ministre, etc., etc., je prends le parti de livrer
moi-même à mes concitoyens l’histoire des
trente-cinq premières années de ma vie, les
priant de n’ajouter foi qu’à cet ouvrage, puis-