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Le souris enchanteur de sa bouche folâtre,
Ses fesses rebondies et sa croupe d’albâtre,
S’arrêtant à son con, il frémit de plaisir,
Sa main quitte la plume, et le plus chaud désir
Animant tous ses sens, il se branle et se pame,
En l’honneur des appas de la première femme.
Le bon Adam, docile aux loix de l’éternel,
Contemplant sa compagne, levoit les yeux au ciel,
Murmuroit de dépit, l’accusoit d’injustice,
Et disoit à part lui, quel est donc ce caprice ?
Cette femme est à moi et je n’en puis jouir,
Homme trop malheureux, je n’ai plus qu’à mourir.
Le diable dans un coin, pour surcroit de malice,
D’Eve se reposant présentoit la matrice,
Sa gorge, tour-à-tour, se haussoit, s’abaissoit
Aux élans des soupirs qu’en secret elle poussoit ;
C’étoit-là le moment de consommer l’ouvrage,
Et de mettre à profit son perfide langage,
Puis prenant d’un serpent la forme et le contour,
Il va réveiller Eve, en lui disant bonjour :
Tu sèches, pauvre femme, en ce lieu de délices,
Des fruits de cet endroit recueillant les prémices,
Toi seule méconnoit la route du plaisir,
Et Dieu pour s’amuser te condamne à languir.
Avare de ses dons, son injustice extrême,
À bien su te priver d’une faveur suprême,
C’est le plaisir de foutre, plaisir digne des dieux,
Connu par les élus au séjour des heureux,