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Stepa. — Papa ! On ne peut plus discuter avec lui. Il dit que le service militaire est le service le plus vil et que, par conséquent, il ne faut pas l’accomplir. Tu vois où ça me mènerait ?

Luba. — Il n’a pas dit cela. J’étais là. J’ai entendu. Il a dit que si l’on ne peut éviter le service, il faut le faire dans les mêmes conditions que tout le monde et attendre l’appel. Il dit que s’engager, c’est approuver ce service.

Stepa. — Enfin, c’est moi qui fais mon service militaire et non pas lui. Et puis il a servi, lui aussi. Tout ça c’est un prétexte pour ne pas me donner d’argent.

Luba. — Il veut bien te donner de l’argent, mais pas pour t’engager, parce que c’est contraire à ses convictions.

Stepa. — Il ne s’agit pas de convictions : il faut faire son service, et voilà tout !

Luba. — Mais je dis ce que j’ai entendu.

Stepa. — Oh ! toi, tu approuves toujours papa ! Vous l’avez remarqué, ma tante ? Luba est toujours d’accord avec papa.

Luba. — Mais enfin…

Alina. — Oui, ma fille. Dès qu’une pensée est contraire au bon sens tu es là pour la cueillir. C’est une fleur dont tu sens de loin le parfum.

Tu as un flair tout particulier.

(Entre Vania avec une dépêche.)

Vania, à Luba. — Qui nous arrive ? Devine !

Luba. — Comment veux-tu ? Allons ! Donne la dépêche !

Vania. — Non ! Tu ne l’auras pas ! C’est de quelqu’un… Devine ! Devine ! Tu rougis !

Luba. — C’est absurde ! De qui ?

Vania. — Elle rougit ! N’est-ce pas, tante Alina ? Elle a rougi… (Il donne la dépêche à Alina.)

Luba. — Oh ! que tu es bête ! De qui est-ce, tante ?

Alina. — Des Tcheremshanoff !