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s’amuse avec les chiens. Stepa est allé jusqu’à la gare à bicyclette.

Alina. — Tiens…

Luba. — Oui… Il est allé lui-même porter au train poste sa demande pour le volontariat.

Lise. — Ça ne va pas faire plaisir à mon oncle !

Alina. — Que voulez-vous ? Les jeunes gens doivent songer à vivre.

Luba. — Stepa pourrait cependant montrer plus de déférence envers papa.

Alina. — Ce n’est certes pas moi qui engagerai un enfant à oublier le respect qui est toujours dû aux parents. N’est-ce pas, Lise ?

Lise. — Oui, maman !

Alina. — Mais il faut reconnaître que la situation de Stepa est difficile. Il doit songer à sa carrière.

Luba. — Eh bien ?

Alina. — Eh bien ! On lui dit d’aller labourer à ce garçon !

Luba. — Les choses ne se sont point passées ainsi. Il a été d’une insolence révoltante envers papa. (À ce moment entre Stepa.)

Alina. — Ah ! te voilà, toi ! Il paraît que tu as mal répondu à ton père ?

Stepa. — C’est Luba qui t’a rapporté cela. Elle ne comprend rien. Papa m’a dit son opinion ; je lui ai fait connaître la mienne : c’est tout.

Alina. — Enfin qu’a décidé ton père ?

Stepa. — Je l’ignore, et il ne le sait sans doute pas lui-même.

Luba. — Oh ! Stepa !

Stepa. — Mais quoi ? J’ai demandé d’entrer aux chevaliers-gardes comme engagé volontaire. Il faut que j’accomplisse mon service militaire, je ne me soucie pas de vivre avec des soldats et des officiers ivrognes et grossiers. Je choisis un corps d’élite où j’ai des amis. Voilà !

Alina. — Ça me paraît assez raisonnable. Pourquoi ton père s’opposerait-il ?…