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une carrière. Il voulait entrer dans les bureaux du ministère.

Alina. — Excellent projet !

Maria. — Son père l’en a détourné.

Piotr. — Je ne lui donne pas tort.

Maria. — Alors Stepa a parlé de prendre du service dans les chevaliers-gardes.

Piotr. — J’aime mieux cela.

Maria. — Son père ne l’a pas approuvé davantage. Stepa lui a demandé : « Que dois-je faire ? » Son père lui a répondu : « Pourquoi n’irais-tu pas labourer ? »

Alina. — Il est malade !

Maria. — C’est moi qui tomberai malade, si ça ne change pas !

Alina. — Il faut que ça change. S’il ne veut pas accomplir ses devoirs de père de famille, qu’il te cède son autorité, et qu’il te remette la gestion de la fortune !

Maria. — Oh ! C’est bien pénible !

Alina. — Possible ! Mais il faut réagir. Si tu n’as pas le courage de lui parler, je lui dirai son fait, moi !

Le Pope, (entrant timidement). — Je vous demande pardon. Je venais rapporter, pour ainsi dire, ce livre que Nicolas Ivanovitch a eu la… je dirai la bonté… de me prêter…

Maria. — Mon mari est à la ville, mais il ne peut tarder… Si vous voulez me donner le livre, je vais le ranger dans la bibliothèque. (Elle prend le livre et sort.)

Alina. — Quel est ce livre ?

Le Pope. — C’est… si vous voulez bien… un livre de Renan : La Vie de Jésus.

Alina. — Mon beau-frère vous a prêté cela ? Eh bien ! Êtes-vous d’accord avec lui et avec son monsieur Renan ?

Le Pope. — Non… Non… Je ne suis pas d’accord… si j’étais… pour ainsi dire… d’accord, je ne serais pas alors… je vous en fais juge… un serviteur de l’Église…