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perd ! Il parle de l’Évangile, du Sermon sur la montagne et il montre un grand enthousiasme…

Alina. — Une foi ardente, presque trop ardente…

Piotr. — Jusqu’à présent, ça va bien. Mais, tout à coup, il dit du mal de l’Église. Alors, quoi ? Comment peut-on prier, avoir de la religion et nier l’Église ?

Maria. — C’est le grand malheur ! Il détruit tout !

Alina. — Et il ne met rien à la place !

Piotr. — Mais comment ça lui a-t-il pris ?

Maria. — Je crois bien que c’est la suite de sa fièvre typhoïde…

Piotr. — Peut-être !

Maria. — L’année dernière, quand il a perdu sa sœur, il est devenu très sombre. Il ne songeait plus qu’à la mort, vous vous rappelez ? Il est tombé malade…

Alina. — Oui, mais quand il a été guéri, il est venu à Moscou, et il était très convenable. Il faisait des parties de cartes avec nous. Il bavardait… Il était très bien… comme tout le monde…

Maria. — Non ! Il était déjà tout autre.

Piotr. — Nous ne nous sommes pas aperçus…

Maria. — Déjà il n’avait plus aucun attachement pour sa famille. Il ne pensait qu’à l’Évangile. Pendant des journées entières, il lisait. La nuit, il ne dormait pas. Il se levait pour lire encore, pour prendre des notes.

Piotr. — Ce n’est pas normal de penser ainsi tout le temps !

Maria. — Et il s’est mis à consulter sur la religion des archevêques…

Alina. — Il n’y a pas grand mal !

Maria. — Et des ermites.

Alina. — Ah ?

Maria. — Oui.

Alina. — Mais il accomplissait régulièrement ses devoirs religieux ?

Maria. — Depuis notre mariage il ne les accom-