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LA DENT D’HERCULE PETITGRIS

arrête. On vous mène au poste. On vous fouille. Vous étiez porteur de cent mille francs en billets de banque. D’où teniez-vous cet argent ? Vous n’avez jamais pu l’expliquer.

Maxime Lériot protesta :

— Pardon, monsieur le Ministre, j’ai dit que cet argent m’avait été remis en dépôt par quelqu’un qui ne voulait pas se nommer.

— Explication sans valeur. Toujours est-il qu’une instruction est ouverte par l’autorité militaire. Elle n’aboutit pas. Mais, six mois après, libéré de tout service, vous êtes l’objet d’un autre scandale. Cette fois, votre portefeuille contenait pour quarante mille francs de bons de la Défense. Et, là-dessus encore, le silence et le mystère.

Lériot ne se donna pas la peine de répondre. Il semblait considérer ces événements comme tout à fait insignifiants, et il ne s’émut pas davantage de l’évocation de deux autres démêlés exactement du même genre qu’il avait eus avec la justice.

— Ainsi donc, continua Rouxval, aucune explication, n’est-ce pas ? Vous ne pouvez pas nous dire comment vous faites face à la vie de débauche que vous menez depuis ce temps ? Pas de situation, pas de ressource avouable, et cependant l’argent coule entre vos doigts comme si la source en était inépuisable.

— J’ai des amis, murmura Maxime Lériot.

— Quels amis ? On ne vous en connaît pas. La bande avec laquelle vous courez les lieux de plaisir se renouvelle constamment, et se compose d’ailleurs d’individus sans aveu qui vivent à vos dépens. Les agents spéciaux qui se sont occupés de vous à cette époque n’ont rien découvert, et vous avez continué à descendre la mauvaise pente. Seul le hasard, ou une imprudence de votre part, pouvait se tourner contre vous. C’est ce qui se produisit. Un jour, sous l’Arc de triomphe, non loin de la tombe du Soldat Inconnu, un homme s’approcha d’une dame