des signes de déchéance et de fatigue qui déroutaient chez cet être jeune et carré d’épaules.
— C’est bien vous, Maxime Lériot ?
— C’est moi, monsieur le Ministre.
— Vous ne connaissez pas monsieur et madame ?
— Non, monsieur le Ministre, affirma le nouveau venu en observant le comte et la comtesse.
— Nous ne connaissons pas non plus monsieur, fit le comte de Bois-Vernay, sur une question de Rouxval.
Celui-ci eut un sourire :
— Je regrette que l’entretien commence par une déclaration contre laquelle je suis contraint de protester. Mais cette petite erreur se dissipera d’elle-même au moment opportun. N’allons pas trop vite, et, sans nous attarder à ce qui n’est pas essentiel, prenons les choses du début.
Et, se servant du dossier ouvert sur la table, il se tourna vers Maxime Lériot et prononça d’une voix où il y avait quelque hostilité :
— Nous commencerons par vous, monsieur. Vous êtes né à Dolincourt, Eure-et-Loir, d’un paysan laborieux, qui s’est saigné aux quatre veines pour vous donner une éducation convenable. Je dois dire que vous l’en avez amplement récompensé par votre travail. Études sérieuses, conduite parfaite, attentions délicates pour votre père, en tout vous vous êtes montré bon fils et irréprochable élève. La mobilisation vous surprend simple soldat aux chasseurs à pied. Quatre ans plus tard, vous étiez adjudant et croix de guerre avec cinq citations. Vous contractez un engagement. À la fin de 1920, on vous trouve à Verdun. Toujours excellente tenue. Vos notes vous signalent comme capable de faire un bon officier, et vous songez même à passer votre examen. Or, vers la mi-novembre de cette année, coup de théâtre. Un soir, dans un dancing de troisième ordre, après avoir fait déboucher dix bouteilles de champagne, la tête perdue, au cours d’une discussion sans motif, vous dégainez. On vous