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thilde… mon amour… voulez-vous partager ma vie ? Acceptez-vous mon nom ?… Je ne vous le demanderais pas, si je vous méprisais !… Me prenez-vous, Mathilde, me prenez-vous comme mari ?

Elle demeura silencieuse un instant, et il la regardait, anxieux, les lèvres tordues par l’inquiétude et la crainte, attendant son arrêt.

— Vous me jurez, dit-elle enfin, que vous oublierez tout ce qui s’est passé tout à l’heure… quand j’étais encore libre… et que je ne vous appartenais pas ?

— Je vous le jure !… Je vous le jure !… Ne me repoussez pas !…

Elle baissa la tête, vaincue.

— Je ferais mieux de partir… et je n’en ai pas la force… Il y a trop longtemps que je vous aime !… Je serai votre femme… puisque vous l’exigez… Et je remercie le bon Dieu de ce qui est arrivé, puisqu’il s’est servi de ce moyen pour nous réunir !…

M. Charibot, sanglotant à nouveau, se laissa glisser sur les genoux ; et Mathilde Bécherelle considérait avec une pitié triomphante ce vieil homme prosterné devant elle, qui lui baisait les mains, et les trempait de ses larmes.


Auguste Bailly