Les Mémoires
d’un Immortel[1]
Mon ami, le professeur Tornada, acheva, de m’ausculter et me dit :
— Tu peux te rhabiller. Je viens de t’examiner des pieds à la tête ; il n’est pas une région de ton anatomie que je n’aie palpée, percutée, mensurée, et même radiographiée : tu te portes comme la bêtise humaine, laquelle, prétendait Renan, est la seule à donner une idée congrue de la résistance infinie. C’est même extraordinaire qu’à cinquante ans révolus, tu sois un tel défi à la vétusté. Tu enterreras tous les minus habens qui vont vraisemblablement t’élire à l’Académie dans trois jours. Rhabille-toi.
On a toujours quelque hésitation à accepter comme parole d’évangile le diagnostic d’un camarade de jeunesse, fût-il devenu ce qu’on est convenu d’appeler un prince de la science, eût-il acquis une réputation mondiale. On n’oublie pas qu’il se montra souvent, devant vous, sujet à l’erreur et coutumier de la plaisanterie. On se demande aussi, s’il ne cache pas
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