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LE SUCRIER EMPIRE

sieur, le jour où monsieur m’a promis cinquante francs.

« Expression de mes salutations.
« Antoinette. »




Je fais donner ma deuxième vague d’assaut : les antiquaires. Par mes soins, discrètement et à des heures variables, tout ce qu’il y a d’antiquaires entre la Madeleine et l’Étoile a mission d’envoyer chez Poussenot, cartes, invitations à visiter et photographies de meubles Empire. La mère Balzanni, de la rue d’Astorg, doit écrire au mari : « Je sais, monsieur, que vous êtes en train de vous meubler Empire, etc. » Enfin, dûment stylé, Bloch et Mossé doit se présenter chez Jeanne aujourd’hui même avec trois gravures et lui glisser à l’oreille :

— Ce qui va le mieux avec le salon Empire, c’est une salle à manger normande. Avec des recherches patientes, on trouve de vieux cuivres…




J’ai passé devant la maison des Poussenot. Il y avait trois voitures à bras en face de la porte. La concierge avait l’air important de présider à un emménagement. Les rideaux du salon sont changés.

Imbécile de Gaston qui voulait que sa femme s’occupât de son intérieur, es-tu content ? Et te rends-tu compte qu’un ami de vingt ans est tout de même moins encombrant que des meubles d’un siècle ?




Lettre d’Antoinette.

« J’ai attendu pour donner des nouvelles à monsieur que j’aie un coin pour pouvoir écrire. L’appartement est sens dessus dessous. Le canapé où monsieur s’asseyait avec madame est remplacé