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LE SUCRIER EMPIRE

m’avez donné trop de vous-même pour me refuser le reste ! Donnez-moi vos lèvres…

— En plein boulevard Haussmann ?

— Le nom du boulevard n’a aucune importance. Tout le monde ne peut pas s’embrasser sur le boulevard Bonne-Nouvelle. Et ce ne sera même pas ridicule… je connais un truc. Je vais vous dire : Adieu, cousine ! Et j’aurai l’air de partir pour un lointain voyage. Il est naturel que nous nous embrassions…

— Comme c’est drôle ! Adieu, cousin…

Elle m’a tendu sa bouche et elle m’a offert en supplément un regard où brillait un feu sombre ; mais, juste à ce moment, un imbécile de camelot, qui criait un journal du soir, nous a bousculés et j’ai failli m’estropier sur son épingle à chapeau. Et puis elle a disparu, comme un beau rêve…




Je trouve un pneumatique de Poussenot :

Mon cher Vitrin,

Veux-tu passer à mon bureau de la rue Rougemont, demain sans faute. Il s’agit d’une chose importante.

Ton
Gaston Poussenot.


Pourquoi ne pas l’avouer ? Ce texte laconique me trouble. J’envisage d’abord les pires catastrophes, une confession de Jeanne à son mari, un duel. Un duel ? Non ! J’aurais reçu des témoins et non pas un pneumatique. Il s’agit peut-être d’une adjudication de bretelles pour la guerre, au sujet de laquelle je pourrais dire un mot à la petite Léa Bernac, qui est la maîtresse du grand’père du ministre. Je mets mon réveil sur huit heures, je