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LE SUCRIER EMPIRE

le temps nécessaire, nous sommes redescendus, Jeanne et moi, le cœur tumultueux, agités d’une joie qui ne voulait pas s’avouer.

Et seule, cette disposition typographique peut traduire la délicatesse de notre premier entretien.


Nous nous sommes dit : En pensant :

— Croyez-vous, chère amie, que Gaston n’en aura que pour quatre Jours ?

— Est-ce qu’on va être un peu tranquille ?

— Ses affaires l’occupent tellement…

— Vous avez raison, Je suis bien seule.

— Puisqu’il m’autorise à vous tenir compagnie, nous parlerons de lui…

— Nous allons tâcher de ne pas y penser un instant.

— C’est un excellent homme que j’aime beaucoup.

— Ça ne sera pas difficile ; il y a longtemps que ce n’est plus pour moi qu’un camarade.

— Voulez-vous que nous dînions ensemble ce soir ? Vous serez moins seule…

— On va commencer par faire une petite bombe.

— Est-ce que ce ne serait pas compromettant ?

— Il ne faudrait tout de même pas aller trop vite…

— Vous en êtes encore à vous soucier du qu’en dira-ton ?

— Je connais un petit coin tranquille…

— Je vous sais bien élevé et je n’ai aucune crainte. Quoi de plus joli qu’une réelle amitié ?

— Nous nous comprenons parfaitement. C’est un petit béguin d’été sans importance.


J’imagine du moins les secrètes pensées de Mme Poussenot. Mais la manière qu’elle avait d’être soudain coquette, son buste offert dans une robe nouvelle, un bras tiède trop appuyé sur le mien comme une convalescente à sa première sortie et des yeux qui n’avaient pas som-