Nicolas. — Je ne suis pas malheureux ?
Groucha. — Mais tu dis que tu n’as rien.
Nicolas. — C’est vrai.
Groucha. — Et tu n’es pas malheureux ?
Nicolas. — Non.
Groucha. — On n’est pourtant pas heureux quand on a rien.
Nicolas. — Comment t’appelles-tu, mon enfant ?
Groucha. — Et toi ?
Nicolas. — Moi…
Groucha. — Tu ne veux pas me le dire, ton nom ?… Moi, je m’appelle Groucha.
Nicolas. — Ah !
Groucha. — Tu viens voir quelqu’un dans le village.
Nicolas. — Non.
Groucha. — Tu ne viens pas te louer pour les travaux des champs ? Ce n’est pas la saison.
Nicolas. — Non.
Groucha. — Tu n’es pas bavard. Peut-être tu parleras plus à papa… Il reviendra tout à l’heure. Il est à l’église..
Nicolas. — Comment s’appelle-t-il ?
Groucha. — Il s’appelle Pierre.
Nicolas. — Pierre ! J’ai connu, dans ce village, un Pierre… Oui ! Oui ! Maintenant je reconnais la maison. Il va bien, ton papa ?
Groucha. — Il paraît qu’il a été très malade. Moi, je ne trouvais pas qu’il avait mauvaise mine. Mais maman m’a dit qu’il devait aller se soigner à la ville pendant quatre mois.
Nicolas. — C’était l’été dernier, hein ?
Groucha. — Oui…
Nicolas. — Il est revenu avec le froid ?
Groucha. — Oh ! mais tu nous connais bien. Tu sais tout ce qui nous est arrivé.
Nicolas. — Maintenant il va mieux ?
Groucha. — Oui… Mais il est si triste ! Quand il