Nicolas. — Moi aussi.
Alexandre. — Nicolas Ivanovitch, pourquoi ne viens-tu pas avec moi ?
Nicolas. — Je le voudrais bien.
Alexandre. — On respire mieux quand on est libre, quand on n’a plus de maison, plus d’argent, plus rien. Viens avec moi !
Nicolas. — Je le devrais. Il faut conformer ses actes à ses paroles et moi…
Alexandre. — Sais-tu ? Quand j’étais encore jeune, je suis allé une fois au théâtre ; les choristes chantaient : « Partons » ou « Pressons le pas ». Et ils restaient sur la scène…
Nicolas. — Je ressemble à ces choristes, hein, mon camarade ?
Alexandre. — Un peu.
Nicolas. — Que veux-tu ?
Luba, rentrant. — C’est maman qui m’envoie… Je voudrais te dire quelques mots…
Nicolas. — Eh bien ! Parle !
Luba. — Mais…
Nicolas. — Tu peux parler devant Alexandre Petrovitch…
Alexandre, s’éloignant. — Il vaut sans doute, mieux…
Nicolas. — Je te prie de rester. Je n’ai pas de secret. (À Luba.) Si tu as honte de parler devant lui il vaut mieux que tu te taises.
Luba. — Comme tu voudras. Maman craint que tu ne sois en colère. Elle regrette d’avoir donné cette soirée puisque tu en es irrite. Mais elle te supplie de ne point faire d’esclandre.
Nicolas. — Ce n’est pas mon intention. Et d’ailleurs, je ne suis pas en colère.
Luba. — Je t’en prie, papa. C’est grave.
Nicolas. — Bah ? Qu’y a-t-il de grave ?
Luba. — Je comprends très bien que tu veuilles vivre comme tu l’entends. Mais bien des familles en sont choquées… Oh ! elles ont tort, elles ont