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Starkovsky. — Mais non ! Je ne veux pas fuir. Je tiens à lui présenter mes devoirs.

Vania. — Le voici !

Nicolas, entrant avec Alexandre, Maria, Alina, et regardant les lumières, les fleurs. — C’est très joli, très joli ! Ces lumières, ces fleurs, vous avez fait des merveilles…

Maria. — Oh ! c’est une réunion très intime.

Nicolas. — Mais non ! Il ne faut pas être modeste ! C’est très bien. N’est-ce pas, Alexandre Petrovitch ?

Alexandre. — Tout à fait bien.

Nicolas. — Si tu as faim, mon ami, tu trouveras certainement dans la pièce voisine des viandes, des gâteaux, des fruits.

Alexandre. — Je te remercie.

Nicolas. — Si tu as soif, il y a du champagne et de l’alcool. Malheureusement nous ne sommes pas en costume de soirée. Vois-tu ? ce n’est pas ma faute : on ne m’avait pas prévenu.

Alexandre. — On m’aurait prévenu… ç’aurait été la même chose… Je n’ai que ce vêtement.

Nicolas. — Tu es superbe. On croira que tu t’es déguisé en vagabond. Nous dirons que nous pensions être invités à un bal masqué. Moi, d’abord, je porte toujours le travesti. Je vais dans l’existence vêtu en ouvrier. Mais ce n’est qu’une fantaisie de carnaval, un costume. Tu vois ! J’habite un palais où l’on donne des fêtes.

Maria. — Mon ami !

Nicolas, à Maria Ivanovna. — Il faut que je te présente mon ami Alexandre Petrovitch. Il ne mange pas tous les jours ; il dort à la belle étoile quand il fait chaud, et l’hiver sur le poêle de quelque paysan qui lui donne l’hospitalité. Mais c’est, un homme. Il sait pourquoi il vit. (À Alexandre Petrovitch.) Et ce jeune garçon élégant, c’est mon fils Vania. Il est charmant, n’est-ce pas ? Il suivra le glorieux exemple de son frère aîné qui se saoule dans le corps des chevaliers-gardes. Et en attendant, lui aussi va danser…