Maria. — Que veux-tu ? (Au domestique.) Posez les fleurs ici. Dieu sait que mon intention n’est pas de lui être désagréable. Et d’ailleurs il paraît maintenant beaucoup moins exigeant.
Alina. — Oh ! Il ne dit pas ce qu’il pense, voilà tout !
Maria. — Que faire ? Que faire ? Il faut bien vivre. Nos enfants sont jeunes. Si je ne leur procurais pas un peu de distraction à la maison, ils iraient en chercher je ne sais où… Et puis je n’ai pas trop mal manœuvré, hein ? Ma petite Luba va se marier.
Alina. — M. Starkovsky a fait sa demande ?
Maria. — C’est tout comme. Il s’est déclaré à Luba et Luba a consenti.
Alina. — Ce sera encore un coup terrible pour ton mari.
Maria. — Mais il doit s’en douter.
Alina. — Il n’aime pas M. Starkovsky.
Maria. — Oh ! Il ne le connaît guère…
Alina. — Comment pourrait-il l’aimer ? Ce serait un démenti à toutes ses théories. M. Starkovsky est mondain, charmant, agréable. Il est évident que Nicolas doit le détester. Pourquoi soupires-tu ?
Maria. — Je songe, malgré moi, à ce pauvre Boris !
Alina. — Oh ! l’horrible cauchemar. Ne parlons pas de Boris… Il est toujours à l’hôpital, depuis six mois. Il paraît qu’il est bien changé : les médecins craignent pour sa raison, pour sa vie.
Maria. — Le pauvre enfant ! Il a été victime de mon mari, de ses idées. C’est Nicolas qui l’a perdu. Je ne m’en consolerai jamais. (Entre le pianiste.) Vous venez pour les danses ?
Le Pianiste. — Oui, madame, je suis le pianiste.
Maria. — Asseyez-vous, je vous prie. Voulez-vous prendre du thé ?
Le Pianiste. — Non, madame, je vous remercie.
Maria. — J’aimais bien Boris ; mais je n’ai jamais désiré ardemment l’avoir pour gendre ; ce n’est pas