Luba, dehors. — Peut-on entrer ?
Nicolas. — Mais oui… toujours !…
Luba. — Bonjour, papa ! Bonjour, Jacques !
Le Menuisier. — Je vous souhaite le bonjour, Mademoiselle, et je m’en vais.
Nicolas. — Non ! Reste !
Le Menuisier. — Excusez-moi, mais il est temps d’aller chez moi, j’ai du travail sérieux…
Nicolas. — Oui… Ici, c’est plutôt un jeu, n’est-ce pas ?
Le Menuisier. — Oh !… Je n’ai jamais dit…
Nicolas. — Tu sais, Luba, il se moque un peu de nous !
Luba. — Mais il ne faut pas !
Le Menuisier. — Ne croyez pas, mademoiselle… Me moquer ! Pourquoi ? On me paie… On me donne du thé… Je serais un ingrat si je me moquais… À demain, n’est-ce pas ?
Nicolas. — C’est entendu.
Le Menuisier, en s’en allant. — Il n’y a pas de quoi se moquer… Ah ! non !…
Nicolas. — Eh bien… Qu’y a-t-il ?
Luba. — C’est au sujet de Boris.
Nicolas. — Alors !
Luba. — Je viens de recevoir de lui une lettre qui m’inquiète.
Nicolas. — Ma petite Luba, tu as toujours eu une âme tourmentée…
Luba. — Tu sais combien j’aime Boris…
Nicolas. — Oui ! oui ! Et il est naturel que tu trembles pour lui. Mais quoi ? Il n’est pas le premier qui fasse son service militaire. Et puis, il a un beau nom, de l’argent, il ne sera pas malheureux, va !
Luba. — Il m’écrit qu’il est très heureux.
Nicolas. — Tu vois bien.
Luba. — C’est si étrange.
Nicolas. — Qu’il soit heureux ? Ça prouve simplement qu’il est léger comme presque tous les jeunes gens. Il ne voit pas ce qu’on le contraint à faire, ou