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Tania. — Celui qui porte le nom de George Sand.

Luba. — Non i Il est admirable, mais trop rabâché : joue donc l’autre, celui en ré mineur.

Tania. — Ah ! oui ! Il fait songer aux éléments avant la création du monde.

Stepa, riant. — Rien que ça.

Tania, se levant et regardant dans le jardin. — Ah ! Encore des paysans.

Luba. — Savez-vous ? Je comprends Saül qui se guérissait en écoutant la lyre de David. Le démon ne me tourmente pas ; mais je comprends. Aucun art au monde ne nous fait oublier tout, comme la musique.

Tania. — Et tu te maries avec un homme qui ne comprend rien à la musique !

Luba. — Mais si ! Boris la comprend.

Boris, d’un air distrait. — La musique ! Mais si ! j’aime la musique. Je n’y attache pas une telle importance d’ailleurs, et je suis un peu vexé que dans l’existence des autres elle puisse avoir une telle place.

(Des bonbons se trouvent servis sur la table. Tous en prennent.)

Luba. — Des bonbons !

Lise — Il y a un fiancé, les bonbons paraissent aussitôt.

Boris. — Ah ! moi je n’y suis pour rien, c’est ma mère.

Tania. — Elle fait très bien. (Elle descend dans le jardin.) Qui demandez-vous ? Ce sont des paysans. Ils viennent voir Nicolas Ivanovitch.

Luba. — Il est sorti, attendez-le.

Tania. — Ah ! tu préfères la musique à la poésie ?

Luba. — Oui, la musique s’empare de nous, nous enveloppe et nous emporte hors de la réalité. Tout était sombre : tu as joué et tout s’est éclairci. Vraiment, tout s’est éclairci. Les valses de Chopin ont beau être connues, connues…

Tania. — Tiens, celle-ci…