La Princesse. — Vous aussi…
Maria. — Oh ! moi… je ne me permets que des aumônes raisonnables
La Princesse. — Je ne voudrais pas m’immiscer dans votre vie de famille, mais, si vous permettez…
Maria. — Parlez… je vous considère comme de la famille… surtout à présent.
La Princesse. — Eh bien ! Qu’avez-vous besoin d’un intermédiaire comme le père Guérassime ? Pourquoi ne pas avoir une explication intime avec votre mari ?
Maria, d’une voix émue. — Mais on ne peut pas causer avec lui. Il veut tout donner, vous entendez ! Tout !
La Princesse. — Ça, c’est grave !
Maria. — Il veut qu’à mon âge je devienne une cuisinière, une laveuse…
La Princesse. — Non ?
Maria. — Il m’a fait connaître son pieux projet : donner toutes nos terres aux paysans, garder seulement cinquante hectares et tout le jardin potager, et aussi le bas pré ; cultiver nous-mêmes : ça nous rapportera environ cinq cents roubles.
La Princesse. — Sept enfants ! Vivre avec cinq cents roubles ! Et une fille à doter ! Mais c’est fou ! J’espère bien que vous vous êtes révoltée.
Maria. — J’ai dit que cela m’était impossible.
La Princesse. — Il fallait être plus énergique, comme votre sœur.
Maria. — Mais tout à l’heure vous disiez…
La Princesse. — Oh ! tout à l’heure… je ne me figurais pas qu’il allât si loin. Tout son bien ! Ah ! non !
Maria. — Hier il a renoncé à recevoir le fermage des paysans de Dmitrovka… il veut leur donner la terre.
La Princesse. — Il faut vous défendre. S’il ne veut pas posséder la terre, qu’il vous la donne !
Maria. — Oh ! Je serais honteuse…