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ment donner le bois dont nous ne profitons pas et que nous n’avons jamais vu, mais il faut donner aussi son vêtement et son pain.

Alina. — Et le pain et les vêtements de ses enfants ?

Nicolas. — Oui ! Et plus encore. Il faut se donner soi-même. C’est l’enseignement du Christ. Il faut faire, comme lui, tous ses efforts pour arriver à se donner soi-même !

Stepa. — C’est entendu. Cela s’appelle mourir.

Nicolas. — Précisément. Si tu meurs comme lui, pour ton prochain, ce sera très bien pour les autres, et pour toi-même. D’ailleurs ce qui mourra en toi, ce sera l’appétit de la bête… Mais l’esprit deviendra plus vif. Ne crains pas de lui donner tout son rayonnement, et l’animal se débrouillera toujours.

Alina. — Mon Dieu ! que c’est compliqué !

Nicolas. — Oui. Ça ne s’explique guère. On le sent. D’ailleurs en voilà assez.

Stepa. — En effet. En voilà assez.

Nicolas, à Alina. — Vous devez aussi avoir besoin de prendre l’air. Je crois que vous avez mal à la tête.

Alina. — Je vais avec toi, Stepa. (Elle sort avec Stepa.)

Nicolas, au pope. — Eh bien ? Quelle impression a faite sur vous ce livre ?

Le Pope. — Que voulez-vous ? Les recherches d’un historien ne peuvent démontrer que le Christ est ou n’est pas d’essence divine. Il n’y a qu’une preuve indiscutable.

Nicolas. — L’Église, hein ?

Le Pope. — Mais oui. L’Église, c’est-à-dire le témoignage des saints, n’est-ce pas ? Des saints reconnus. Il faut toujours en revenir à la foi, à la seule foi. La raison peut tromper.

Nicolas. — Ça, c’est un horrible blasphème. Dieu nous a donné cette arme sacrée pour reconnaî-